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Confinement et addictions : attention aux comportements à risques

Écrans, nourriture, jeux, tabac et travail… Le spectre des addictions est large. Pour faire le point sur les comportements à risques, notamment chez les 30% d’actifs français en télétravail, Alexis Peschard, addictologue, président et cofondateur du cabinet G.A.E Conseil, analyse grâce à une étude réalisée avec Odoxa le 22 avril, les tenants et aboutissants des addictions en période de confinement.

Pratiques addictives et problèmes d’addiction

Entre pratiques addictives et problèmes d’addiction, une mise au point s’impose. La première de ces situations définit des comportements à risques, pouvant mener à une addiction. Ce qui nous amène à la seconde situation : l’addiction en tant que telle, brute et considérée comme maladie.

Pour Alexis Peschard, les pratiques addictives concentrent à la foi « ce qui relève de la consommation de produits dits psychoactifs, cela peut être des produits licites comme l’alcool, le tabac, le café, le thé, illicites comme les stupéfiants, les médicaments mais aussi les addictions comportementales. Cette nouvelle forme de dépendance est définie comme une addiction sans produit comme pour les jeux, le sexe, le sport et le travail. »

Les comportements addictifs exacerbés par le confinement

En période de confinement, différentes raisons favorisent les comportements addictifs. Selon l’étude G.A.E Conseil / Odoxa, les causes principales qui mènent à ces modifications de comportements chez les Français sont à 60% l’ennui, à 55% la perte de repères et d’habitudes et à 50% l’angoisse liée à l’épidémie.

« L’ennui est l’un des premiers risques de consommation de produits et d’usage d’écrans, analyse l’addictologue. En période de confinement, ce risque est accru car les repères sont bousculés, nous restons chez nous, nous sortons de moins en moins, corroborant l’isolement social. Sans oublier l’inquiétude que génère cette situation. »

« Nous avions également beaucoup de rituels avant cette situation. Le confinement les a fait voler en éclat. Il est nécessaire de se recréer des rituels et des objectifs pour essayer de vivre au mieux cette nouvelle période. Ils doivent être adaptés aux personnes. Pour les actifs par exemple, il est nécessaire de maintenir un cadre professionnel le plus adapté possible avec un respect des horaires de travail. Mais aussi les aborder différemment et les adapter au télétravail en confinement », continue-t-il. Et effectivement, 22% des actifs considèrent que ces modifications de comportement sont liées à une surcharge de travail.

Mais le confinement, pour les personnes ne vivant pas seules, a aussi un impact sur l’entourage proche, qui de fait peut aussi souffrir de ces comportements addictifs. Alexis Peschard évoque ces circonstances : « Attention également à l’environnement. Une surconsommation ou un état de manque peuvent entraîner selon certains profils une augmentation des violences dans le milieu familial. Si l’on parle d’écran, les relations et interactions sont réduites, les partages quotidiens sont inégaux et les réactions, notamment verbales, peuvent être violentes ».

L’addiction au (télé)travail

L’addiction au tététravail ? Pour le président du cabinet de conseil, « cela fait partie de l’addiction au travail. Cela s’appelle le ‘’Workaholism’’. Être à 100% en télétravail est une situation inédite. La suractivité concernerait aujourd’hui les services RH ou les services paie qui sont sur-sollicités. Il y a ici des risques d’épuisement professionnel, et pour certaines personnes, un risque de développer une dépendance au travail. »

« Les personnes qui avaient déjà une addiction au travail la retranscrivent dans la modalité télétravail. L’addiction au travail est toutefois plus à risques aujourd’hui, car la frontière entre vie privée et vie professionnelle est plus mince. »

Un comportement addictif qui en appelle un autre : l’addiction aux écrans. Toujours selon l’étude, plus d’un Français sur deux a augmenté son temps d’utilisation des écrans et 38% déclarent avoir augmenté leur temps passé sur les réseaux sociaux. Mais cela est à nuancer, « tous les télétravailleurs ne sont pas « addicts » aux écrans. L’addiction aux écrans est un repli social, une maladie à part entière. Les personnes qui accèdent au télétravail aujourd’hui sont des personnes qui passaient déjà un temps de travail important devant un écran. Mais si elles ont par ailleurs une addiction aux écrans, aux réseaux sociaux, le travail sera de moins bonne qualité, plus long, plus compliqué. »

Une question se pose toutefois, qu’adviendra-t-il de ces comportements après le confinement ? Comment l’entreprise peut accompagner ces salariés au comportement à risque. Assureur, mutuelle et autres services de prévention, accessibles à chacun via par exemple des plateformes d’appels, peuvent faire, selon Alexis Peschard, partie de la réponse.


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