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L’édito de Didier Chenet

Chers collègues, chers amis,

6 semaines après la réouverture des seules terrasses, force est de constater que la reprise économique de nos établissements est particulièrement disparate selon les régions, la météo ainsi que les métiers exercés.

La moitié des restaurants et des cafés, bars parviennent à réaliser 50% de leur chiffre d’affaires en dépit des jauges et des mesures sanitaires imposées ce qui est encourageant .Mais la météo capricieuse notamment dans la partie nord du pays n’arrange pas les affaires. Et si au final, les résultats sont meilleurs que l’année dernière à la même époque, ils restent très nettement inférieur à 2019.

Les hôteliers sont divisés entre ceux installés en bords de mer, à la montagne ou à la campagne et ceux installés en ville : les professionnels des zones Atlantique, Méditerranée et Bretagne enregistrent de très fortes réservations pour les mois de juillet et aout. Les hôtels parisiens restent fermés pour 15% d’entre eux en raison des départs annoncés des Parisiens en vacances et de la quasi absence des touristes étrangers. Tous sont très inquiets même s’ils reconnaissent un frémissement d’activité grâce à la présence de quelques clients européens.

Outre les discothèques dont l’ouverture ne viendra que le 9 juillet prochain, les traiteurs organisateurs de réceptions comptent parmi les professionnels les plus en difficulté. Leurs trésoreries sont au plus bas. Mais j’ai pu apprécier leur détermination à se battre lors du Congrès des Traiteurs de France auquel j’étais convié en ce début de semaine. Je salue ici l’engagement d’Alain Marcotullio, Président de TDF et de Bernard Cabiron, Vice-président en charge des relations institutionnelles de TDF et Président de la branche des TOR au GNI.

Tous ces professionnels sont unanimes et critiquent aujourd’hui le maintien au-delà du 30 juin 2021 de l’interdiction de la consommation debout en intérieur contrairement à ce que nous avez laissé entendre le Gouvernement.

Cette décision a provoqué une réaction immédiate du GNI. Dès le 1er juillet, j’ai demandé dans un courrier adressé au Ministre Déléguée aux PME que « cette interdiction soit immédiatement levée ou, si tel ne devait pas être le cas, que les entreprises particulièrement affectées par cette interdiction bénéficient d’un accompagnement financier à la hauteur de leur perte d’activité. »

Car si cette mesure d’interdiction venait à perdurer alors l’aménagement du Fonds de Solidarité et sa dégressivité ne saurait être appliqué aux professionnels concernés.

C’est pourquoi lors du Comité de Filière réuni ce 2 juillet, j’ai demandé au Secrétaire d’état au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne d’entendre la colère des professionnels contraints de laisser leurs établissements fermés faute de pouvoir accueillir des clients debout ainsi que de ceux forcés d’annuler les réceptions en mode cocktail debout réservées en intérieur.

Il a répondu qu’il visait une levée de cette interdiction au 9 juillet prochain dans le cadre du décret qui doit être pris afin d’autoriser la réouverture des discothèques.

Nous veillerons à ce que cette date soit tenue et que les établissements affectés par cette mesure soit indemnisés à la hauteur de leur situation.

Sur le plan social, les professionnels connaissent tous, à la conditions que l’activité ait repris, un manque de main d’œuvre et plus encore de main d’œuvre qualifiée criant.
Et pour cause, 100 000 emplois demeuraient vacants dans le secteur avant la crise. 100 000 salariés auraient quitté la branche durant la crise. Certains ne reviendront pas.

Aujourd’hui des hôtels, des cafés, des restaurants, des traiteurs organisateurs de réceptions en sont réduits à restreindre leur activité ou sont sur le point de réduire leur activité faute de personnel. Ces professionnels espèrent en cela limiter les atteintes à leur image , postées par des clients mécontents ou déçus de la prestation, sur des sites d’opinion ou dans des guides en raison de la parfois piètre qualité du service que ces professionnels seraient contraints de proposer.

Sur le plan « du moral », le secteur est partagé entre des professionnels qui voient le bout du tunnel et notamment les fortes réservations enregistrées pour les prochaines semaines et les autres :

  • ceux qui ne peuvent pas rouvrir avant le 9 juillet, les discothécaires sont inquiets sur la venue des clients avec le passe sanitaire et la suppression de la gratuité des tests de dépistage,
  • ceux qui sont très affectés par l’interdiction de la consommation debout et restent fermés ou travaillent à pertes,
  • ceux qui s’attendent à un été catastrophique, tout particulièrement en aout en l’absence de touristes étrangers…comme à Paris, à Lyon, à Lourdes. 
  • ceux qui n’ont toujours pas eu droit à une quelconque aide, comme les entreprises fermées pour travaux en 2019 ,
  • ceux qui attendent encore aujourd’hui leur fonds de solidarité de janvier et ceux qui attendent l’aide EBE promise en décembre 2020 et qui n’ont toujours rien perçus… et ils sont nombreux.

Tous ces professionnels sont inquiets et même en colère. Tous veulent travailler et croire en l’avenir de leurs entreprises. Mais, cela exige des réponses urgentes de la part du gouvernement.

Car il y a urgence à verser les aides attendues au titre du Fonds de Solidarité et de l’aide EBE, urgence à combler le dernier trou dans la raquette identifié et de permettre aux entreprises nouvellement créés en 2020 (comme prévu au prochain décret) mais aussi aux entreprises commençant ou reprenant leur activité en 2020 (après une interruption en 2019 pour travaux notamment ) de bénéficier de l’aide EBE.

Il y a urgence aussi à lever l’interdiction de la consommation debout en intérieur ou à revoir la dégressivité des aides car des professionnels ne pourront pas atteindre le chiffre d’affaires nécessaire à l’équilibre et encore moins aux remboursements de leurs dettes.

Après avoir réglé ces urgences, les dossiers de fonds reprendront leur droit.

Un travail doit être entrepris pour rendre notre secteur plus attractif et donner les moyens à nos entreprises de répondre davantage aux attentes des clients.

Au niveau des métiers, des discussions devront s’engager avec les partenaires sociaux sur la grille de salaires et les pourboires, également une réflexion sur les sujétions propres à nos métiers comme la coupure, les heures en soirée, le dimanche…

La formation sera également une clé à la pénurie de main d’œuvre qualifiée, afin de répondre aux axes de développement que le gouvernement a fixé pour le secteur : une amélioration de la qualité de l’offre !

Tels sont tous les sujets que j’ai évoqués ce matin au Comité de Filière Tourisme devant le Ministre Jean-Baptiste Lemoyne . Nos travaux, déjà bien avancés sous la houlette de Michèle Lepoutre sur des sujets comme l’évolution du classement Hôtelier, le verdissement des étoiles de l’hôtellerie où la valorisation des biodéchets pourront être finalisés…

Mais, ces travaux ne pourront aboutir et leurs résultats impacter nos entreprises qu’à la condition qu’elles soient encore en vie et pour cela qu’elles franchissent le mur de la dette qui s’est construit avec la crise.
1 entreprise sur 2 a utilisé la totalité de son PGE. Nous soumettrons très prochainement au Gouvernement nos propositions pour régler ce problème de remboursement des dettes

Car si nous voulons permettre aux entreprises d’investir, il faudra au préalable les aider à reconstituer leurs fonds propres.

Comme vous pouvez le constater, le travail n’est pas terminé. Loin de là. Nous sommes invités à participer à l’élaboration du plan de reconquête du Tourisme exposé à Valence par le Chef de l’Etat. Les 5 Axes du plan de reconquête :

  • Axe 1 : Formation et attractivité des métiers du Tourisme , piloté par le Ministère du Travail
  • Axe 2 : Valorisation du Patrimoine naturel et culturel , piloté par les Ministères de la Culture et de la Transition Ecologique
  • Axe 3 : Montée en gamme de l’offre , piloté par la DGE
  • Axe 4 : Investissements dans les infrastructures, piloté par le Ministère des Transports
  • Axe 5 : Innovation et numérique, piloté par le Ministère du Numérique

De quoi occuper nos Commissions, nos Branches et nos Equipes, nous ne serons jamais de trop à y participer !

Continuons donc tous ensemble à nous mobiliser pour l’avenir de nos entreprises et de nos emplois.

Demain, l’avenir nous sourira.

Didier CHENET
Président

Chemin