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Covid-19 : L’impact de la crise sanitaire sur l’absentéisme

Le nombre de jours d’arrêts de travail indemnisés, en constance progression depuis plusieurs années, est largement amplifié par la crise sanitaire : au plus fort de la crise, la Covid-19 était à l’origine d’un quart des arrêts de travail. Les risques psychosociaux, d’origine structurelle et conjoncturelle, arrivent en deuxième position à partir de mai.

L’appréhension du retour en entreprise, qui concernait en juin 60% des salariés pourrait avoir des conséquences sur l’absentéisme : 11% des salariés envisageraient de se faire prescrire un arrêt pour ne pas retourner sur leur lieu de travail.

Une dérive structurelle des arrêts maladie amplifiée par la crise Covid-19

Les indemnités journalières sont en augmentation continue depuis plusieurs années. Les versements ont ainsi augmenté de 6,3% entre les périodes Avril 2018 / Mars 2019 et Avril 2019 / Mars 2020, selon les chiffres de l’Assurance Maladie[1]

Alors que près de la moitié des salariés (44%)[2] s’est vu prescrire au moins un arrêt maladie en 2019 – un chiffre relativement stable mais qui reste élevé depuis plusieurs années -, le phénomène a été largement amplifié par la crise sanitaire. 13% des salariés se sont vu prescrire un arrêt maladie pendant la seconde quinzaine de mars contre 8% pendant la première quinzaine.

Des motifs d’arrêts liés directement ou indirectement à la Covid

La Covid est le premier motif des arrêts de travail sur la période (arrêts maladie concernant des cas de Covid confirmés ou suspectés, et arrêts de travail dérogatoires liés à des contacts avec des personnes confirmées ou suspectées[3]) . Le virus a été la cause de 26% des arrêts en avril au plus fort de la crise et concernait toujours 19% des arrêts en juin.

Les risques psycho-sociaux (RPS) constituent le deuxième motif des arrêts de travail à partir du mois de mai. Ils dépassent pour la première fois les troubles musculo-squelettiques (TMS), et ce sur toute la période étudiée : 11% vs 9% en mars, 9% vs 6% en avril, 12% vs 8% en mai, et 11% vs 9% en juin. A noter que, hors période Covid, les principaux motifs d’arrêts maladie (toutes durées confondues) sont : la maladie ordinaire (36%), les TMS (25%), les risques psycho-sociaux (18%)[4].

Cette forte proportion d’arrêts dus aux risques psychosociaux peut en partie être attribuée à la Covid : anxiété liée au contexte sanitaire et économique, au confinement … Et l’impact de la crise sur l’état psychologique des salariés et sur leur retour en entreprise devrait durer au-delà de la période étudiée. En effet, l’appréhension du retour en entreprise manifestée pendant le confinement se confirmait au mois de juin et concernait 60% des salariés (vs 56% en mai).

Parmi les raisons les plus fréquemment évoquées pour expliquer cette appréhension : l’application des mesures sanitaires (34%), la reprise d’un rythme de travail ordinaire (27%), le changement d’organisation du travail par rapport à l’avant confinement (23%), la reprise des transports en commun (16%, et 36% en région parisienne).

Une appréhension non sans conséquence sur les arrêts maladie : 11% des salariés envisageraient de se faire prescrire un arrêt pour ne pas retourner sur leur lieu de travail. Soit parce qu’ils ont une maladie chronique ou une pathologie considérée comme à risque (20%). Ou parce qu’ils craignent que les mesures de protection ne soient pas suffisantes sur leur lieu de travail habituel (16%). Ou encore, parce qu’un membre de leur foyer souffre d’une maladie chronique ou d’une pathologie considérée comme à risque (13%).

A noter qu’au mois de juin, 32% des salariés avaient récemment repris le travail en entreprise et 14% n’y étaient pas encore retournés depuis la fin du confinement.

La consommation de soins, ralentie pendant le confinement, repart à la hausse

On observe par ailleurs que la consommation des soins, ralentie pendant le confinement, repart à la hausse.

En avril, un tiers des salariés (34%) déclarait avoir renoncé à au moins un soin durant le confinement. Une grande majorité d’entre eux indiquait vouloir les reporter avant la fin de l’année. En effet, en juin, ils n’étaient plus que 19% à avoir renoncé à au moins un soin.

Parmi les soins reportés en avril, 10% concernaient des hospitalisations, 41% des soins dentaires, 27% un suivi médical régulier (médecin généraliste ou spécialiste) – pouvant générer des complications à terme, notamment dans le cadre de maladies chroniques -, et 22% des soins optiques.

Leurs motifs de renoncement en juin étaient les mêmes que durant le confinement : la fermeture des établissements de santé (40%), le respect des consignes sanitaires (35%), la crainte d’une éventuelle contamination en fréquentant des lieux à risque (30%), la volonté de ne pas alourdir la charge des professionnels de santé (27%).

A noter que le recours à la téléconsultation, qui avait atteint son pic en avril (11% vs 1% avant le début de la crise[3]), reste élevé : 10% en mai et 8% en juin.

Enfin, si globalement la très grande majorité des salariés se déclare en bonne santé, l’étude met en lumière une détérioration de l’état de santé perçu pendant le confinement : la part des salariés estimant être en mauvais (ou moyen) état de santé est passée de 15% en mars à 19% en mai.

SOURCES

On entend généralement par « arrêt de travail » un arrêt maladie prescrit par un médecin lorsque l’état de santé du salarié le nécessite, ou un accident survenu pendant le travail. Pendant la période exceptionnelle liée à la pandémie, trois types d’arrêts de travail dérogatoires ont été instaurés : les arrêts de travail pour personnes vulnérables ou « à risque », les arrêts de travail pour « cas contact étroit », et les arrêts de travail pour garde d’enfant. A partir du 1er mai, les salariés jusqu’alors en arrêt de travail dérogatoire « personnes vulnérables » ou « garde d’enfant » ont été placés en activité partielle.  

[1] Cnamts : Les remboursements des soins du régime général à fin mars 2020

[2]Baromètre Absentéisme annuel Malakoff Humanis : Étude de perception Ifop pour Malakoff Médéric Humanis, réalisée auprès d’un échantillon de 1 507 salariés (recueil par Internet) et 400 dirigeants ou DRH (enquête menée par téléphone) d’entreprises du secteur privé, d’août à octobre 2019  

[3]Ce chiffre n’inclue pas les arrêts de travail dérogatoires pour garde d’enfant, ni les arrêts de travail dérogatoires « personnes à risque ». 

[4]Baromètre Absentéisme annuel Malakoff Humanis : Étude de perception Ifop pour Malakoff Médéric Humanis, réalisée auprès d’un échantillon de 1 507 salariés (recueil par Internet) et 400 dirigeants ou DRH (enquête menée par téléphone) d’entreprises du secteur privé, d’août à octobre 2019.

Etude de perception Ifop pour Malakoff Humanis, réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 3000 salariés d’entreprises du secteur privé – Recueil mensuel par internet – 4 vagues d’études : 23 avril au 7 mai 2020, 6 au 20 mai 2020, 2 au 17 juin 2020, 3 au 17 juillet 2020.

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